Pour une autre politique locale …

Salle du conseil, un simple regard suffit à comprendre. La grande toile qui recouvre l’un des murs évoque le peuple en marche vers le grand soir. Une visite dans le quartier de la Croix-Jeannette ? « Rue Ange Guépin, militant socialiste », « rue Benoît Frachon ancien secrétaire de la CGT », « rue Pelloutier » et « rue Pierre Maître » victimes des milices patronales. On s’invente des martyrs, on réécrit l’histoire.

Qu’importe si depuis des jeunes casques bleus français sont tombés à Beyrouth ou à Sarajevo, victimes de milices autrement plus redoutables. Pas une rue à leurs noms. La cause du peuple vaut mieux que la défense de la paix !

Cela sent bon les années 70, le programme commun. Depuis, il y a eu de multiples alternances, les mentalités ont évolué, partout les utopies se sont effondrées au contact de la réalité. Partout ? Pas ici. Que signifie aujourd’hui être de gauche, être de droite ? Ne peut-on, en même temps, lutter pour l’égalité des chances et exiger un peu plus de sécurité ? Souhaiter un monde plus solidaire et défendre l’initiative privée ? Pour n’importe qui, oui certainement, mais pour un militant zélé c’est une hérésie.

Loin des certitudes de ceux qui tiennent la mairie depuis plus de 30 ans et se la repassent de mère en fille, d’épouse à mari, de camarades à camarades, nous sommes, au sein de notre groupe, des êtres complexes, capables de gérer des idées apparemment contradictoires. Ce que l’on réclame d’un élu municipal ce n’est pas qu’il affiche à tout propos sa foi en une idéologie, mais qu’il réponde aux besoins des administrés.

Philippe LE CORRE
Janvier 2004