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Union pour sa ville
6 janvier 2006

Evocations d’un séjour marquant en Afrique

 

    En 2005 j’ai eu le privilège de participer à un voyage d’échange au Sénégal dans le cadre du jumelage entre La ville de Bouguenais, La ville allemande de Ginsheim-Gustavbourg et la Communauté rurale de Ballou au Sénégal, notre destination.

J’ai d’abord été frappée par l’immense pauvreté. Ceci s’explique par le fait qu'ils vivent pratiquement tous en communauté. Il me semble que les plus favorisés sont ceux qui ont un membre de leur famille qui a émigré en Europe, car ils peuvent recevoir de l'argent de cet émigrant.

J’ai aussi été interpellée, voire dérangée, par ce que j’ai pu constater au sujet de la condition des femmes dans cette communauté. La femme est sous l'emprise de l'homme à des degrés différents. Au cours de ce séjour, je me suis souvent demandé quelle est leur réelle liberté de s'exprimer, de s'affirmer en tant que femme, de gérer et décider de leur avenir.

Quoiqu'il en soit, compte tenu de ce que j’ai pu constater, le chemin sera long avant d’atteindre une lueur d'égalité entre les hommes et les femmes, à l’image de celle qui apparaît actuellement en France. Alors que notre pays a pourtant encore beaucoup à faire dans ce domaine. Ce chemin sera d’autant plus long que les inégalités dans cette communauté si ce n’est dans ce pays, sont amplifiées par certaines pratiques religieuses et des coutumes tribales. Je pense en particulier à l’excision faite aux jeunes filles, pratique à laquelle il faudrait convaincre ces peuples de mettre un terme.

Lors des échanges Franco/Sénégalais, il serait judicieux de favoriser la venue des filles. Là encore il me semble qu'elles ont plus de difficultés à venir en France. J’ai l’impression qu’on favorise davantage le déplacement des hommes.

Sur un autre registre, j’ai constaté que le Sénégal a de beaux paysages. Mais malheureusement ils sont parfois dévalorisés par la saleté : déchets divers et surtout de nombreux papiers, sacs plastiques emportés par le vent et qui finissent leur course accrochés aux branches des arbres.

L'avancée d'un pays passe par l'école, là encore il y a beaucoup de choses à faire. La première d’entre elles serait que l'école soit obligatoire aux deux sexes pour éviter ce que j’ai pu observer en discutant avec des jeunes : au collège il y a un nombre très restreint de filles scolarisées ce qui laisse à penser qu'au lycée l'effectif baisse encore. J'ai été surprise, quand j'ai demandé à une jeune sénégalaise (entre 15 et 18 ans) de m'écrire son adresse. Elle a en effet été obligée de demander à un jeune sénégalais de l'écrire à sa place, ne sachant pas le faire. Son comportement m’a laissé penser qu’elle ne savait pas lire non plus, mais je n'ai pas osé demander pourquoi.

La ville de Bouguenais est jumelée depuis 15 ans avec la communauté rurale de BALLOU, or c'est mon premier déplacement et je ne puis évaluer les améliorations durables et progressives, acquises au fil de ses années.

Nous pouvons leur apporter beaucoup au niveau équipements et installations (je pense à des dispensaires, des écoles......) pour une amélioration du quotidien. Mais sur le plan des droits de l'homme, de rééquilibrage par rapport à nous, je pense que c'est insurmontable, dans l’état actuel des choses. Il y a trop de différences entre le sexe féminin et masculin, l’influence de la religion et des coutumes de tribus est trop forte.

Néanmoins il est à mon avis de notre devoir, dans le cadre de cette coopération de les aider, mais delà à les faire changer de mentalité dans leur façon de vivre et à supprimer l’emprise de l’homme sur la femme, je crains que ce ne soit très difficile, voire impossible. Mais je garde espoir, avec le temps …


Jocelyne BOINET
Janvier 2006

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